Bonjour aux 230 lecteurs de Serious Games,
Si vous suiviez cette newsletter, vous aurez remarqué un manque de régularité dernièrement - pour ne pas dire un arrêt complet.
Me serais-je perdu dans le Metaverse ? Aurais-je fait fortune grâce aux NFT ?
Non ! J’ai plutôt retourné ma veste.
Explications de cet arrêt en 3 leçons clés qui pourraient vous inspirer :
Leçon numéro 1 : La créativité à ses limites
Quand on choisit un sujet de niche, aussi large nous semble-t-il, on s’y enferme. Quand ce sujet atteint ses limites, notre créativité y atteint les siennes.
Le Metaverse, les NFT, et le Web3 sont en réalité des innovations bien plus étroites qu’elles en ont l’air. Elles paraissent n’avoir aucune limite pour une principale raison : ses prêcheurs.
Ces Web3 & Metaverse experts pullulent sur les réseaux sociaux. Ils travaillent dur pour nous faire imaginer cette industrie comme un sujet complexe, presque scientifique. Leurs arguments “anti-régulations” leur attribuent un côté pirate visionnaire qui nous donnerait envie de les suivre vers ce monde meilleur.
Aujourd’hui, ces sujets ont besoin d’être régulés plus que jamais. Ils sont le terrain de jeu de personnalités toutes puissantes qui ont la facilité d’influencer aisément les “cryptos-bros”.
Crypto bro : une personne ayant une faible compréhension des crypto-monnaies/blockchain, mais ayant des opinions très fortes sur les "meilleures" de ces dernières. Souvent observée en train de vanter son implication dans les crypto-monnaies et de se disputer avec d'autres cryptos-bros.
Nous sommes tous influençables. Il reste à comprendre les limites intellectuelles et les intérêts personnels de nos leaders d’influences. Quand un crash arrive, les suiveurs sont bien plus impactés que les suivis.
Ma créativité et mon intérêt ont rapidement trouvé leurs limites dans leurs Metaverse.
Leçon numéro 2 : L’argent a un prix
En tant qu’ex-prôneur d’un avenir plein de NFTs dans le Metaverse de Roblox ou de META, je sais sur quoi je reviens. Ces entreprises ultracapitalistes 2.0 courent derrière l’argent, le pouvoir, et l’addiction des masses.
Aujourd’hui, 3.65 milliards d’êtres humains utilisent un produit META mensuellement (Whatsapp, Facebook, Messenger, Instagram, Oculus, etc.). Cela représente quasiment 50% de notre espèce. C’est 100% des Terriens en 1970. Quand on connaît ce chiffre, on aimerait être sûr que le groupe aux 117 milliards de dollars de revenus n’ait rien à se reprocher.
Évidemment, si. Au même titre que des entités néfastes comme British Petroleum ou Philipp Morris, l’entreprise est dans des eaux troubles. De ce fait, elle a récemment utilisé l’une des stratégies de relation publique des plus simplistes pour essayer de faire oublier ses erreurs.
En 2000, BP (British Petroleum) met à jour son logo en vert et lance sa nouvelle signature “Beyond Petroleum” suite à de nombreuses accusations d’abus des droits humains et de destructions d’écosystèmes. Cependant, la raison annoncée par l’entreprise est la volonté de divertir ses activités très notamment dans les énergies vertes et le gaz naturel.
En 2003, Philip Morris Companies se renomme Altria Group suite à de nombreuses accusations sur leur rôle évident dans l’augmentation des maladies et décès liées au tabac. La raison annoncée par l’entreprise est bien différente. Elle affirme avoir la volonté de concentrer son attention sur d’autres secteurs des biens de consommation, et d’avoir une plus grande responsabilité sociale en tant qu’entreprise.
En 2021, Facebook se renomme META après la mise en lumière de documents internes par l’ancienne employée Frances Haugen. Ces derniers impliquent le groupe dans la favorisation des profits à celui du bien-être humain. Les ”Facebook Files” pointent tant de sujets désespérant qu’ils ne peuvent pas tous être listés ici. Parmi eux, l’impact direct d’Instagram sur les pensées suicidaires des jeunes filles, les effets dangereux de la viralité des fake news sur la démocratie, la volonté illégale du groupe d’attirer sur Instagram une cible au-dessous des 13 ans, le laisser-faire de l’utilisation de Facebook aux trafiquants d’êtres humains, etc. À l’évidence, rien de tout cela ne fût proclamé dans la vidéo d’annonce de transition stratégique du groupe vers le Metaverse.
Le schéma est similaire. Se comporter dangereusement pour multiplier ses profits, changer de logo et d’image, parler d’une nouvelle stratégie (à contrario d’effectuer un réel changement stratégique).
À travers ces accusations reviennent les souvenirs de Cambridge Analytica. L’un des premiers grands faux pas publics du groupe sur plusieurs fuites de données des utilisateurs de Facebook. Ces dernières ayant été utilisées à des fins politiques dans l’élection de l’ex-président américain Donald Trump.
Une possession de META ou d’un autre, ce Metaverse sera un monde dangereux, créateur infini de data, réutilisable par les plus offrants. Un monde digital régit par les dérives du “Data Colonialism”.
Data Colonialism : le processus par lequel les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les entreprises revendiquent la propriété et privatisent les données produites par leurs utilisateurs et leurs citoyens.
Des “cryptos bro” anti-régulations et des mastodontes sans scrupules, qu’est-ce qui peut mal finir ? Cet argent a un prix que personne ne devrait payer.
Leçon numéro 3 : Réparer les fondations > Disruption
Avant de se tourner vers les grandes disruptions qui peuvent changer notre société, je crois qu’il est important de comprendre ses fondations.
Dans cette démarche, nos systèmes politiques, financiers, agricoles, éducatifs, et tant d’autres doivent être compris, maîtrisés, et parfaits.
Pourquoi chercher un nouveau plat à réchauffer si son micro-onde est dysfonctionnel ?
Des sujets fondamentaux, comme l’agriculture par exemple, englobent : le changement climatique, la nourriture et ses enjeux, les inégalités, le commerce et les accords internationaux, la santé, l’économie, les régulations, la culture, la biodiversité, la science, la technologie, l’urbanisme, etc. Bien assez de sujets permettant d’apprendre, avancer et parfois investir pour un changement positif.
Serious Games prend ce chemin, vers des sujets plus centraux, profonds et pertinents. Loin du Metaverse, proche de notre complexe réalité. Si comme moi, vous souhaitez participer à la réparation de cette dernière, comprenons ensemble pour aller de l’avant. Gardez votre boîte mail ouverte à Serious Games.
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- Mano
Il y a 6 mois, j’écrivais sur le Data Colonialism, le Parti Communiste Chinois et la Big Tech Américaine sur le continent Africain. Check it out.